- mièvrerie
-
• 1718; mievretéXVe; de mièvre1 ♦ Vx Espièglerie.2 ♦ Mod. Grâce puérile, fade et recherchée. « la mièvrerie, la molle joliesse de certaines phrases [de Barrès] » (A. Gide).♢ Une, des mièvreries. Chose, propos mièvre. « l'escalier du grand temple [...] contraste absolument avec les mièvreries d'alentour » (Loti).Synonymes :- joliesse- morbidesse (littéraire)mièvrerien. f. Qualité, état de qqn, de qqch qui est mièvre.— Acte, chose mièvre.⇒MIÈVRERIE, subst. fém.A. —Vieilli. Qualité, caractère d'un enfant, d'une personne espiègle. Cet enfant est d'une mièvrerie amusante, fatigante (Ac. 1835, 1878).— P. méton. Action, espièglerie effectuée par un enfant, une personne mièvre:• 1. Il y a des douceurs et des coquetteries dans les creux ombragés, dans les fourrés de bruyères roses, dans les sentiers tortueux qui laissent voir un morceau de leur ruban, dans l'affleurement d'une petite source qui noircit le sol entre les pierres et tout d'un coup descend avec une pluie d'éclairs; c'est un regard soudain, une mutinerie et une mièvrerie d'enfant, d'un dieu enfantin qui rit en liberté. Toutes ces charmantes âmes osent parler dans le silence.TAINE, Notes Paris, 1867, p.253.B. —Caractère, état de ce qui est mièvre, puéril, faible ou affecté. François Coppée (...) à la fois subtil assembleur de rimes et peintre familier de la vie moderne, avec assez d'émotion et de drame pour plaire à la foule, assez de recherche et de mièvrerie pour plaire aux décadents (LEMAITRE, Contemp., 1885, p.84). Caravage (...) réagit quelquefois avec vigueur contre la mièvrerie et la fadeur envahissantes (FAURE, Hist. art, 1914, p.421):• 2. L'ensemble [d'un ameublement] était d'une harmonie fondante de tons gris et rose et semblait conçu pour apaiser une imagination de pensionnaire, sans toutefois tomber dans la mièvrerie.AYMÉ, Travelingue, 1941, p.74.— P. méton., souvent au plur. Œuvre, action qui contient de la mièvrerie, ce qui est empreint de mièvrerie. Ce n'est pas la peine d'aller à Rome étudier les géants pour accoucher de ces mièvreries (CASTAGNARY, Salons, t.2, 1877, p.289). Ce prince redoutable [le roi des Huns] (...) se complaisant, lui aussi, à quelques mièvreries un peu sucrées, qui n'empêchent point la bataille (BRASILLACH, Corneille, 1938, p.411):• 3. ... il lui reprochait (...) d'admirer trop les mièvreries, les délicatesses élégantes, les sentiments exprimés, les nuances bâtardes de la mode, et jamais l'art [peinture], l'art seul, l'art dégagé des idées, des tendances et des préjugés mondains.MAUPASS., Fort comme la mort, 1889, p.148.REM. Mièvreté, subst. fém., synon. vieilli de mièvrerie. (Dict. XIXe et XXe s. dont Ac. 1835, 1878). L'impassibilité et le poids des monuments romains aggravant la mièvreté de l'homme (ARNOUX, Renc. Wagner, 1927, p.120).Prononc. et Orth.: [
]. Ac. 1718: mievrerie; 1740: miévrerie; dep. 1762: mièvrerie. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1480 miverie «bagatelle» (Le Mistere du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 47997); b) 1718 mièvrerie «tour malicieux» (Ac.); 2. 1839-45 mièvrerie fém. sing. «recherche d'une grâce affectée» (BALZAC, Béatrix, 132). Dér. de mièvre; suff. -erie; cf. ca 1461 mieureté «tour malicieux, espièglerie» (CHASTELLAIN, Déprécation pour messire Pierre de Brezé ds Œuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, t.7, p.40). Fréq. abs. littér.:43. Bbg. DUCH. Beauté 1960, pp.172-173.
mièvrerie [mjɛvʀəʀi] n. f.ÉTYM. 1718; mivrerie, mivreté, XVe; de mièvre.❖♦ Vieux ou littéraire.1 Vx. Espièglerie. || Un enfant d'une mièvrerie amusante (Littré). || Acte de mièvrerie. ⇒ Puérilité.2 (XIXe). Mod. Grâce puérile et fade, qui sent l'affectation, la recherche. || La mièvrerie d'un style. || La mièvrerie du joli cœur (→ Fier-à-bras, cit. 3).1 (…) ce qui me déplaît (chez Barrès) par-dessus tout : la mièvrerie, la molle joliesse de certaines phrases, où respire une âme de Mimi Pinson (…)Gide, Journal, 29 févr. (sic) 1930.2 Je n'admire pas du tout ses vers (de Sainte-Beuve), contournés, raboteux, chevillards, parfois désespérants de mièvrerie et de platitude !Émile Henriot, les Romantiques, p. 256.3 (Une, des mièvreries). Chose, action, parole mièvre. || Nos mièvreries modernes (→ Évoquer, cit. 14).3 C'est l'escalier du grand temple d'Osueva; il est en granit, il est large comme pour donner accès à tout un corps d'armée; il est imposant et simple comme une chose de Babylone ou de Ninive, il contraste absolument avec les mièvreries d'alentour.Loti, Mme Chrysanthème, XI.
Encyclopédie Universelle. 2012.